On se souvient que le samedi 07 septembre 2019, un mouvement à connotation plutôt musulmane avait été porté sur les fonts baptismaux, sous l’appellation de ‘’Coordinations des Mouvements, Associations et Sympathisants’’ (CMAS), sous le parrainage de l’Imam Mahmoud DICKO, celui qui, pendant une décennie (d’avril 2009 à avril 2019) avait conduit aux destinées du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM). A cette occasion, le porte-parole de l’Imam DICKO et non moins Coordinateur de la CMAS, Issa Kaou N’Djim, avait laissé entendre que les actions que posera cette nouvelle structure s’inscriront plutôt dans le sens de la moralisation de la société malienne, conformément aux rôles dévolus aux organisations religieuses et cela, bien entendu dans le strict respect du caractère laïc de la République du Mali. Autrement dit, la CMAS apparait plus comme une organisation religieuse musulmane plutôt qu’un parti politique. En son temps, nombreux avaient été les Maliens qui s’étaient réjouis de la création de cette structure à vocation socioreligieuse. Mais, malheureusement, cette réjouissance sera de courte durée dans la mesure où, seulement quatre mois après, le 11 janvier 2020, les Maliens apprennent avec surprise, via une vidéo largement partagée, une déclaration d’ambition politique pour la CMAS. Dans cette vidéo qui a été très largement partagée (Plusieurs milliers de vues), le Coordinateur de la CMAS, Issa Kaou N’Djim, affirmait que « La CMAS est une organisation politique qui mènera des actions politiques pour conquérir le pouvoir démocratiquement… ».
Comme pour joindre l’acte à la parole sans trop perdre de temps, le Coordinateur de la CMAS et certains membres du comité exécutif de ladite structure avaient entrepris des démarches pour faire positionner leur coordination dans le starting-block pour les élections législatives qui se sont déroulées le 29 mars 2020. Face à cette prise de position de Issa Kaou N’Djim et de ses camarades, le parrain de la CMAS, l’Imam Mahmoud DICKO n’était pas passé par quatre chemins pour fustiger l’intention nourrie par ses ‘’poulains’’ quant à l’orientation politique que ceux-ci ambitionnent d’inclure dans les objectifs réels de la CMAS. C’était à l’occasion d’une rencontre tenue au siège de la CMAS à Magnambougou, dans l’après-midi du lundi 03 février 2020. « L’objectif recherché par la CMAS est et demeure de se positionner comme contre-pouvoir et non pas être partie prenante à la gestion du pouvoir… Je demande aux dirigeants de la CMAS non seulement de surseoir à leur décision de présenter des candidats aux prochaines législatives, mais aussi de rester équidistants de tous les autres candidats et partis politiques » avait déclaré le parrain de la CMAS, visiblement vexé par la décision de ses poulains de vouloir s’immiscer dans l’arène politique. Cette demande de l’imam DICKO, qui au demeurant cadre mieux avec sa personnalité et son rôle dans la société, semble ne pas agréer à ses ‘’poulains’’ dans la mesure où ces derniers continuent toujours à vouloir prendre position dans l’arène politique, vaille que vaille. Pour preuve, en association avec le regroupement politique FSD et le mouvement ‘’Espoir Mali Koura’’, la CMAS appelle à une mobilisation populaire, le vendredi 05 juin 2020, pour exiger la démission du Président de la République.
L’annonce de cette mobilisation populaire a été faite au cours d’une conférence de presse organisée le 30 mai 2020 au siège de la CMAS à Magambougou (Bamako) et animée principalement par Issa Kaou N’Djim et l’ancien ministre Cheick Oumar Sissoko qui a expliqué les raisons de cette mobilisation en ces termes : « Nous ne voulons pas continuer avec le système qui nous régit aujourd’hui parce qu’il nous conduit vers la catastrophe ».
Point n’est besoin de dire, les annonces qui seront faites au cours de cette mobilisation populaire ne seront ni plus ni moins que de vœux pieux dans la mesure où leurs auteurs, eux-mêmes, sont convaincus d’avance que leur exigence, à savoir la démission du Président de la République, n’a pratiquement pas de chance de se réaliser.
En tout cas, pas des suites de cette manifestation populaire. Au-delà de cette saute d’humeur portée par la CMAS et qui appelle à la démission du Président IBK, la question qui taraude les esprits est celle de savoir si réellement l’imam Mahmoud DICKO a donné son onction à ses ‘’poulains’’ pour la manifestation en question.Il est vrai qu’au cours d’un meeting qu’il a animé le samedi 29 février 2020, le charismatique guide religieux musulman s’en était allé avec une langue de bois pour tancer le pouvoir d’Etat. Mais il avait fait savoir aussi que, non seulement les propos qu’on lui attribue ont été sortis de leur contexte mais aussi qu’il n’est pas du genre à vouloir mettre ce pays à feu et à sang. Malgré ces éclaircissements donnés par l’Imam, n’empêche que dans le sérail de la CMAS, des voix s’étaient néanmoins élevées pour appeler le peuple à « prendre son destin en main », une façon d’inciter les citoyens à la violence. C’est tout simplement dire qu’il peut arriver des moments où l’Imam DICKO et le clan de Issa Kaou N’Djim ne soient pas sur la même longueur d’onde et le guide religieux gagnerait, alors, à faire beaucoup attention, tant son combat est noble mais son entourage, en l’occurrence le Comité Exécutif de la CMAS, laisse à désirer.
El Hadj Mamadou GABA
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