La Présidente de la Cour Constitutionnelle, Manassa Danioko, continue d’opposer un niet de non-recevoir à ceux qui envisagent, y compris le Président IBK, la dissolution de son institution comme faisant partie des solutions de sortie de crise au Mali. En effet, les maliens ont été interloqués d’entendre Manassa déclarer sur les antennes de l’ORTM que le Mali ne saurait exister sans la Cour Constitutionnelle !
“Sans Cour Constitutionnelle, pas d’Etat”, a-t-elle fait savoir aux médiateurs du Cadre de Concertation des Leaders Religieux et de la Société Civile, venus officiellement s’enquérir de l’état de fonctionnement de l’auguste cour, mais officieusement pour « lui supplier de démissionner » afin de faciliter les choses pour IBK. Une déclaration qui s’assimile, pour beaucoup, à une méconnaissance des éléments constitutifs d’un Etat, mais pour d’autres, il s’agit tout simplement de la provocation. Une chose est claire, la réaction du constitutionnaliste Bréhima Fomba ne s’est pas fait attendre. Pour celui-ci, la Présidente est simplement trop limitée intellectuellement pour appréhender les questions constitutionnelles dans leur profondeur juridique. Et de s’interroger : « Dans quel Manuel de droit constitutionnel Manassa a-t-elle appris que la Cour Constitutionnelle est un élément constitutif de l’Etat sans lequel évidemment celui-ci ne saurait exister ? ». La réponse, pour lui, est que Manassa, une fois de plus et de trop, « expose au grand public les approximations et les errements juridiques lamentables de son institution ».
Mais, au-delà de tout cela, c’est la grande assurance affichée par la très controversée présidente de la Cour Constitutionnelle qui intrique le plus, et ce à un moment où même le chérif de Nioro suggère à IBK de se débarrasser d’elle.
Pour certains observateurs, cette assurance qu’affiche la présidente de la Cour Constitutionnelle tient du fait qu’elle bénéficie du soutien du Président IBK dans son refus de démissionner.
Mais pour d’autres, cet argument ne saurait tenir route, dans la mesure où c’est IBK qui fut le premier à proposer la dissolution de la Cour Constitutionnelle et celle de l’Assemblée Nationale lors d’une réunion avec les ténors du M5-RFP tenue chez l’ancien président Moussa Traoré. Il y a aussi les tenants d’une troisième option qui pensent que Manassa Danioko a plutôt délibérément décidé d’engager un bras de fer avec le Président IBK, qui se trouve pourtant être son bienfaiteur ! « En fait, de 2013 à nos jours, Manassa et IBK savent ce qu’ils ont concocté ensemble comme arrangements et comme complots contre les acteurs politiques, contre les Maliens. Combien d’avis favorables a-t-elle donné en violation de la constitution pour uniquement conforter IBK ? La vérité est simple : Manassa tient en laisse IBK… Elle est prête à tout, sauf tombée toute seule, sans… IBK » !
Or IBK, malgré tout ce qui est dit aujourd’hui, sait très bien qu’il ne peut avoir la «peau » de Manassa sans passer par le consensus. En effet, selon des praticiens du droit, le recours à l’article 50 de la Constitution (comme supposent certains pour régler la question de la dissolution de la Cour Constitutionnelle), qui confère au Président de la République des pouvoirs exceptionnels en cas de menaces graves et imminentes sur le fonctionnement des institutions, ne saurait être une panacée toute trouvée par IBK pour ce faire. Pour autant, il y en a qui trouvent que l’article 50 pourrait bien être invoqué, dans la mesure où le fonctionnement régulier de la Cour Constitutionnelle est actuellement compromis avec la démission d’au moins quatre de ses membres et le décès d’un autre.
Une situation qui fait la Cour Constitutionnelle ne peut plus atteindre le quorum requis pour valablement délibérer.
De tout ce qu’il précède, il est évident pour tout le monde que l’attitude de Manassa agace au plus haut point le Président IBK qui, apparemment, souffre beaucoup de cette situation. Une souffrance en laquelle elle pourra mettre fin en acceptant de se démettre, ce d’autant que ses propos de l’autre jour pourraient davantage exacerber la crise !
MAIMOUNA DOUMBIA
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