//RESOLUTION DE LA CRISE MALIENNE: LA CEDEAO S’INQUIETE ET VIENT EN MÉDIATION À BAMAKO

RESOLUTION DE LA CRISE MALIENNE: LA CEDEAO S’INQUIETE ET VIENT EN MÉDIATION À BAMAKO

Le Mali est-il devenu un grand corps malade ? Cette interrogation a sa part de pertinence au regard des crises qui n’en finissent pas de le secouer. Mais de toutes les crises que le pays a connues depuis l’accession d’IBK à la magistrature suprême en 2013, c’est celle qui court qui a constitué la goutte qui a fait déborder le vase. Elle est née des vives contestations consécutives aux dernières élections législatives.

Pour manifester son ras-le-bol face à la mauvaise gouvernance, un regroupement politico-religieux, le M5-RFP, avait organisé un rassemblement qui a eu lieu à Bamako le vendredi 05 juin 2020. Cette mobilisation grandiose dont la finalité était, selon ses initiateurs, d’exiger la démission du Président de la République, a été un véritable épouvantail pour les gouvernants du pays. Ce serait une lapalissade que dire, une démission sous contrainte du Président de la République conduirait inévitablement la République à un cataclysme avec son corollaire de fragilisation, sinon de suspension de toutes les institutions pays. Quoi qu’il en soit, le rassemblement tant redouté par les tenants du pouvoir d’Etat s’est tenu mais le cataclysme qui aurait pu s’en suivre n’a pas eu lieu dans la mesure où on n’est pas parvenu à contraindre le Président de la République à la démission.

Mais cela n’a peut-être été que partie remise en ce sens que les manifestants ont finalement consenti à mettre un bémol à leur objectif de démission.

Le bémol a plutôt consisté à lancer un ultimatum en direction du Chef de l’Etat. « Cette mobilisation n’est qu’un début contre le régime IBK. Et elle va continuer. Je jure que si ce rassemblement ne lui sert pas de leçon, l’histoire racontera la manière dont son pouvoir prendra fin… » avait prévenu l’Imam Mahmoud Dicko, le parrain de ce regroupement politico-religieux. Alors, comme pour prouver qu’il tire les leçons de cette grogne populaire, le Président de la République a entrepris de jouer l’ouverture en faisant certaines concessions de taille et en invitant les différents acteurs au dialogue, mais sans pour autant réussir à ramener les leaders du M5-RFP à de meilleurs sentiments. Ceux-ci soutiennent qu’ils ne rencontreront pas le Président de la République avant la mobilisation populaire qu’ils préconisent le 19 juin 2020. Evidemment, en pareille circonstance, les médiations fusent de partout. C’est ainsi que le samedi 13 juin 2020, l’ancien Président Moussa TRAORE a reçu à son domicile les protagonistes de cette crise : d’un côté, le Président IBK et le Pm Boubou CISSE et de l’autre côté, l’imam Mahmoud Dicko et Choguel K. Maïga.

Le ‘’Cadre d’Actions, de Médiation et de Veille des confessions religieuses et de la société civile’’ conduit par le guide religieux Ousmane Chérif Madane HAIDARA a rencontré lui-aussi le Président IBK.

C’était le 14 juin 2020, quelques heures avant que ce dernier s’adresse à la nation. Le climat politique délétère qui prévaut au Mali semble inquiéter la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). A cet effet, elle envisage d’envoyer une délégation à Bamako ce jeudi 18 juin 2020. Cette délégation sera composée du Président de la Commission de la CEDEAO, l’ivoirien Jean-Claude Kassi BROU, des ministres des Affaires Etrangères du Niger, de la Côte d’Ivoire et du Nigéria. Cette délégation de l’organisation ouest-africaine s’entretiendra, en principe, avec tous les protagonistes. A en croire certaines sources proches de l’organisation sous régionale, elle tentera de couper la poire en deux en demandant, d’un côté au Président de la République de dissoudre l’Assemblée Nationale et de remanier la Cour Constitutionnelle et de l’autre côté aux meneurs duM5-RFP de renoncer à leur objectif de démettre le Président de la République et aussi de surseoir à leur rassemblement du 19 juin.

En tout cas, si cela s’avérait, le Président IBK ne devrait pas rencontrer de difficultés majeures à dissoudre l’Assemblée Nationale dans la mesure où la Constitution de la République l’y autorise.

En effet, la Loi Fondamentale du Mali dispose en son article 42 « Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et du Président de l’Assemblée Nationale, prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale. Les élections générales ont lieu vingt et un jours au moins et quarante jours au plus, après la dissolution… ». Ce qui est à craindre, dans cette rencontre entre la délégation de la CEDEAO et les protagonistes de la crise malienne, est qu’il ne faut surtout pas que le M5-RFP fasse faux bond aux médiateurs. Attendons donc pour voir.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-06-18T15:50:03+02:00juin 18th, 2020|A LA UNE|0 Comments

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