Le moins que l’on puisse dire, au regard des péripéties de la crise politico-religieuse à laquelle le Mali se trouve confronté en ce moment, est que la situation n’est pas près de se décanter de sitôt. Pour cause un des principaux protagonistes de cette crise, à savoir le ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP), reste droit dans ses bottes quant à son exigence de la démission du Président de la République.
Signalons en rappel que, pour dénoncer la mauvaise gouvernance du pays, un collectif politico-religieux placé sous l’égide du charismatique imam Mahmoud DICKO, avait battu le pavé, le vendredi 5 juin 2020, pour exiger la démission du Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar KEITA. Mais au sortir de ce rassemblement grandiose et populaire, d’aucuns s’étaient réjouis du fait que les manifestants aient mis un bémol à leur exigence de la démission du Président de la République pour se contenter plutôt de demander à ce dernier, la dissolution de l’Assemblée Nationale et de la Cour Constitutionnelle qui sont, à leurs yeux, des Institutions à problèmes. Comme pour calmer les ardeurs des uns et des autres, le Chef de l’Etat s’est adressé à la nation, le 14 juin 2020, pour faire part de son entière disponibilité non seulement à (désormais) écouter le peuple comme l’avait vivement recommandé l’imam DICKO, mais aussi à rencontrer les différentes composantes de la société pour qu’ensemble, on tente de trouver une sortie idoine de cette crise qui n’en finit pas d’ébranler la République.
C’est dans le cadre de cette politique de sortie de crise que le Président de la République a proposé de rencontrer, dans l’après-midi du mardi 16 juin 2020, les représentants du M5-RFP, pour tenter de convenir avec eux d’une issue favorable à la crise. Mais s’estimant peut-être en position de force dans cette crise, le M5-RFP annonce d’emblée qu’il ne rencontrera pas le Président de la République avant la tenue de son rassemblement populaire annoncé pour le vendredi 19 juin 2020.
Nul n’est dupe que le principal leitmotiv de cet autre rassemblement populaire portera exclusivement sur l’exigence de la démission pure et simple du Chef de l’Etat et le Président IBK, lui-même, en est parfaitement conscient.
Ce serait une lapalissade que dire, ce refus du M5-RFP à rencontrer le Président de la République constitue un vrai sujet d’inquiétude pour le pouvoir d’Etat qui gagnerait plutôt à faire des concessions de taille afin d’amener les responsables de ce mouvement à sursoir à la mobilisation populaire annoncée pour le vendredi prochain. Toute chose qui impose au Président IBK une véritable course contre la montre dans la mesure où, il ne faut surtout pas se leurrer, la manifestation du 19 juin 2020 pourrait être très décisive et avoir des conséquences très fâcheuses pour le régime en place.
Ce mouvement populaire n’a nullement caché sa ferme détermination à contraindre le Président de la République à la démission et pour cette fin, il bénéficie du soutien d’une composante non négligeable de la société malienne.
S’il est vrai que nombreux sont aussi les citoyens qui ne s’inscrivent pas dans la logique du M5-RFP qui consiste en l’exigence de la démission du Président de la République, il n’en demeure pas moins vrai que les Maliens, dans leur majorité écrasante, se disent profondément frustrés par les actes qui ont entaché les dernières élections législatives. Pour l’opinion nationale c’est plutôt le Président de la République qui a cautionné cette grave anomalie institutionnelle et cela a largement contribué à faire baisser sa cote de popularité même auprès de ses partisans. En tout cas au regard de toutes les frustrations ressenties par les populations qui n’en finissent pas de se plaindre de la mauvaise gouvernance, il ne se fait pas de doute que les forces vives de la nation sont plus enclines à se rallier à la cause du M5-RFP et cela n’augure pas de bonne posture pour le régime.
El Hadj Mamadou GABA
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