Depuis quelques jours, sur les réseaux sociaux, les rumeurs circulent qu’une campagne de vaccination contre l’épidémie du corona virus est en cours dans notre pays. Hier lundi 06 avril le petit marché de Senou Hèrèmakono fut le théâtre de panique, d’une panique totale. En réalité d’aucuns ne savaient pas d’où sortait l’information qui stipulait que les agents de santé accompagnés des policiers prenaient de forces les enfants pour les vacciner.
Comme d’habitude à Bamako, tous les matins, les femmes se dirigeaint vers les marchés pour faire la popote. Le marché de Hèrèmakono n’avait pas failli à cette tradition hier. C’était vers 08 heures du matin que l’une d’elles a commencé à circuler entre les femmes disant que les agents sont là juste derrière le petit marché pour vacciner les enfants du quartier contre le corona virus. Ils seraient accompagnés par les policiers. Et ils attrapaient de force tous les enfants qui se trouvaient dans la rue.
Sur place, on pouvait constater des tables renversées par terre et des légumes dispersés un peu partout sous les hangars. Certaines vendeuses se bousculaient aussi les clientes pour fermer à va vite leurs boutiques. Elles avaient abandonné complètement leurs places pour rentrer chez elles. En un temps record, le marché s’était vidé. Or, personnes n’avait réellement pris le soin de vérifier l’information. Ce fut une panique totale.
Aux alentours du marché, les femmes s’informaient. C’était la rumeur ; c’était véritablement le bouche à oreille. Tout d’un coup le bruit gagne le quartier. Seules les premières venues ont pu acheter leurs condiments sans panique et sans bousculade. Par contre beaucoup de femmes ont purement et simplement rebroussé chemin sans avoir le temps d’acheter quoi que ce soit. Des femmes marchaient à grands pas pour retourner voir si leurs enfants étaient tous à la maison. Sinon, elles les ramèneraient rapidement à la maison pour les protéger contre les agents de santé.
On pouvait repérer aussi les femmes à la porte de leurs cours proférant des propos comme « Vous voulez obligatoirement vacciner nos enfants : c’est parce que vous les voyez. Si nos portes sont fermées, personne ne rentrera ici. Nous ferons tout pour protéger nos enfants contre ce mal dont personne ne sait l’origine ».
D’autres lançaient des propos pour signifier leur indignation contre nos dirigeants. De passage, une vieille dame murmurait : « Dans quel genre de pays sommes-nous ? Ce pays n’a pas de dirigeants crédibles. On n’a pas confiance en eux. Ils sont capables de tout. Personne ne touchera à nos enfants ».
Une chose est sûre, cette panique dans le marché de Hèrèmakono dénote combien la majeure partie de la population malienne est sous informée et combien la confiance entre la population et les hautes autorités est dégradée. Sinon, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita a démenti le samedi dernier, à travers un communiqué, l’existence d’une campagne de vaccination contre l’épidémie de corona virus au Mali. C’était des informations infondées qui couraient les réseaux sociaux.
Youssouf Konaté
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