A bien disserter sur les péripéties de la situation sociopolitique que le Mali traverse depuis plus d’un mois, on serait porté à se demander si le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, est réellement préoccupé pour une résolution de cette crise qui n’en finit pas d’enquiquiner le peuple. Ce questionnement à bien sa part de pertinence quand on constate, malgré ses multiples rencontres avec les différents protagonistes de la crise, que le chef de l’Etat tente toujours de déplacer le problème au lieu de proposer des solutions concrètes assorties de réelles concessions de sa part. Le Président IBK voudrait-il jouer à la politique de l’autruche ?
En tout cas, il devrait comprendre que la situation est assez grave pour qu’il se permette de toujours vouloir se débarrasser de ses interlocuteurs en leur proposant des solutions complètement hypothétiques ou alors en les renvoyant vers d’autres structures qui ne sont détentrices d’aucune autorité publique. Face à une telle attitude du Chef de l’Etat, d’aucuns parmi ses interlocuteurs se sont tout simplement sentis méprisés et en conséquence, ils ont opté pour une radicalisation de leurs positions. Cela est tout à fait de bonne guerre. Si tant est vrai qu’il aime le Mali, comme il ne cesse de le dire, le Président IBK devrait plutôt s’efforcer à rechercher les vraies solutions de sortie de crise et les proposer à ses éventuels interlocuteurs. Mais à vouloir toujours déplacer les problèmes ou alors à faire des suggestions hypothétiques, cela ne contribue qu’à envenimer les choses. Le cas le plus récent où le Chef de l’Etat s’est contenté de faire des propositions hypothétiques, en guise de résolution de la crise, se rapporte à sa rencontre avec le collectif des ‘’Députés élus et spoliés par la cour constitutionnelle’’. En effet, le mardi 7 juillet 2020, les représentants dudit collectif ont été reçus en audience par le Président de la République en vue de les écouter et ensuite leur faire des propositions de résolution de la crise, en ce qui les concerne. Mais malheureusement, serait-on tenté de dire, cette autre rencontre, qui a pourtant duré près de deux heures, n’a pas permis de décanter la situation, faute de propositions concrètes de la part du Président IBK. Au cours de cette rencontre, le locataire du Palais de Koulouba aurait évoqué à ses hôtes, la possibilité d’attribuer des sièges au sein du future Sénat aux députés qui se disent spoliés par la cour constitutionnelle. C’est là une proposition on ne peut plus aléatoire dans la mesure où, non seulement ce Sénat n’existe pas encore au Mali mais aussi sa création est incertaine, étant entendu que cela est tributaire d’une révision constitutionnelle qui n’en n’a pas encore finit de faire un sujet de vives polémiques dans la société malienne.
Face à cette proposition du Chef de l’Etat, un des membres du collectif dira que « La réunion n’a rien donné de précis en termes de solution, mais il était important que le Président de la République puisse échanger avec les acteurs principaux, ceux-là même au sujet desquels la crise est survenue. Le Président de la République a évoqué cette question du Sénat en termes de solution politique. Mais nous avons réitéré notre opposition qui est celle d’entrer en possession de nos sièges ». Au finish, le Président de la République a renvoyé ses interlocuteurs auprès du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) pour poursuivre les discussions à ce niveau-là. Devrait-on comprendre par cette proposition du Chef de l’Etat qu’il n’est pas prêt à organiser des législatives partielles encore moins à dissoudre l’Assemblée Nationale ?
En tout cas en renvoyant le collectif des ‘’Députés élus et spoliés par la Cour Constitutionnelle’’ vers le HCIM pour poursuivre la discussion avec cette structure, le Président IBK pourrait être accusé de mépris envers ses interlocuteurs, tout comme ce fut le cas lorsqu’il a renvoyé les représentants du M5-RFP vers la majorité présidentielle. A vrai dire cette attitude du Président IBK ne plaide pas en faveur d’une sortie de crise étant donné qu’après chaque rencontre, ses interlocuteurs éprouvent une déception totale. C’est à juste raison que maints citoyens estiment que jusque-là, le Président IBK ne semble pas mesurer, à sa juste valeur, la gravité de la situation sociopolitique dans le pays. Toute chose qui pourrait être très préjudiciable pour son régime.
El Hadj Mamadou GABA
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