LA SITUATION SOCIOPOLITIQUE AU COEUR DES DISCUSSIONS
Six mois après le sommet du G5-Sahel tenu à Pau (France), le 13 janvier dernier, le Président français Emmanuel Macron devrait rencontrer ses homologues sahéliens, ce mardi 30 juin 2020, à Nouakchott la capitale mauritanienne, en vue d’un autre sommet pour faire le point sur la lutte contre le terrorisme dans cette région où sont déployés plus de 5 000 soldats français.
On se souvient qu’à l’issue de la rencontre de Pau, il avait été décidé d’intensifier la lutte antiterroriste, compte tenu du contexte de dégradation généralisée de la situation sécuritaire dans les pays sahéliens. Prendront part à ce sommet de Nouakchott, outre le Président français et les cinq chefs d’Etat des pays du G5-Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), le président de la Commission de l’Union africaine et la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie. Nous savons qu’à l’accoutumée en pareille circonstance, il y a toujours eu des débats en marge du sommet sur des sujets d’importance afférant à la politique intérieure des pays concernés. Le Mali étant, en ce moment précis, confronté à une grave crise sociopolitique, on devrait alors se demander si les participants à ce sommet se donneront la peine d’évoquer la crise que traverse le Mali. Et en conséquence faire des propositions. On ose l’espérer dans la mesure où l’on sait que depuis le début du trouble en question, nul n’a voulu être en reste, tant du côté de la communauté internationale que du côté des organisations africaines et ouest-africaines, pour tenter d’apporter sa contribution. Rappelons qu’une mission de la CEDEAO a séjourné à Bamako les 18 et 19 juin 2020 dans le cadre d’une mission de bons offices entre les différents protagonistes.
A l’issue de cette mission, l’organisation ouest-africaine proposé des pistes, même si un des principaux protagonistes en l’occurrence le M5-RFP n’a pas voulu les cautionner dans un premier temps, pour ensuite accepter mettre balle à terre pour un dialogue franc et constructif.
Comme avec l’intention de prendre le relais de cette mission de la CEDEAO, l’arrivée à Bamako de trois chefs d‘Etat de la sous-région avait été annoncée avant d’être annulée deux jours plus tard. Comme explications à l’annulation, beaucoup d’observateurs de la scène politique avaient spéculé. Le sommet de Nouakchott devant se tenir très bientôt, il aurait été préférable de saisir plutôt cette occasion étant donné que le Président IBK, lui-même sera présent. Le contexte serait alors plus approprié pour s‘entretenir avec lui et, au besoin, le convaincre à accepter de faire des concessions de taille, des concessions susceptibles de ramener la paix et la quiétude dans le pays.
Nous savons qu’hormis l’exigence de démission du Président de la République, par l’aile dure du M5-RFP, les contestateurs mettent aussi dans la balance, soit la dissolution pure et simple de l’Assemblée nationale ou alors la reprise des élections législatives dans les circonscriptions où les résultats sont sujets à contestation. Aussi le réaménagement au sein de la Cour Constitutionnelle, avec spécifiquement la démission de force ou de gré de son président est une autre exigence des contestataires.
D’ailleurs, lors de sa mission de bons offices au Mali, la délégation de la CEDEAO avait préconisé les mêmes mesures pour une sortie de crise.
Mais à bien y disserter, on se ferait à l’idée que le Président IBK n’est pas très enchanté par ces exigences-là dans la mesure où il semble vouloir donner du temps au temps avant de décider. Tout cela pourrait en rajouter à la colère des contestataires qui peuvent interpréter cette réaction comme un certain mépris à leur endroit. Souhaitons alors que le sommet de Nouakchott soit une occasion pour les Chefs d’Etat du G5-Sahel de convaincre leur homologue malien à se résoudre à faire les concessions convenables pour une sortie de crise.
El Hadj Mamadou GABA
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