La situation semble s’apaiser dans la capitale des Rails après le soulèvement populaire qu’avait provoqué la mort d’un jeune garçon. Le pauvre avait succombé la nuit du lundi au mardi dernier sous les balles d’un policier véreux, adepte de Bacchus. C’était la goutte qui avait déversé le vase de rage et amené des centaines de manifestants à prendre la rue. A la suite d’une forte altercation avec des policiers, le Commissariat du 2ème arrondissement de la ville a été incendié.
Et la tension est montée d’un cran malgré des excuses publiques du Directeur régional de la police ainsi que le Gouverneur de la région de Kayes. Rien de tout cela n’apaise le cœur des manifestants ! Le ministre de la Sécurité, Général de Brigade Salif TRAORE, après le Directeur National de la Police, est dépêché sur place ainsi que les nouveaux députés de Kayes ; tout cela après une rencontre avec le Président de la République le mardi.
Ce petit rappel s’imposait, car cette situation est consécutive à la décision des plus hautes autorités maliennes de doter tous les policiers d’armes individuelles. Un policier, une arme : un slogan qui a longtemps suscité la polémique au sein de l’opinion publique nationale. Un policier une arme, nous l’avions dénoncé en son temps. Non pas que ce n’était pas une bonne chose, mais nous étions sceptiques quant à la réaction des policiers : ils n’ont pas bonne presse.
Pire, chez-nous ici, beaucoup d’agents (policiers, gendarmes, gardes…) pensent naïvement que leurs armes et tenues sont des objets de séduction ou de peur dans des lieux publics….
Aussi les trouve-t-on dans les maquis et autres lieux de perversion flanqués de leurs armes exhibées comme un trophée de guerre pour impressionner ou séduire des filles, intimider les usagers de ces lieux et souvent aller au-delà de simple menace en faisant usage de ces armes !
Armer des policiers sans moralisation préalable, c’est accroître les abus et la délinquance. Certains vont les vendre, les louer ou simplement les utiliser pour braquer les gens. En effet, des armes aux mains des corrompus dont la seule motivation reste l’argent, c’est signer alliance avec les bavures et avec les braquages. C’était d’autant plus que la police malienne est composée à 90% d’ignorants qui ne savent même pas ce que c’est que leur devoir. Ces armes sont seulement utilisées en cas de nécessité ou de légitime défense…
Nous aurions aimé être démentis par les policiers. Mais tel n’est pas le cas avec ce que nous voyons tous les jours ! Nos policiers oublient naïvement qu’un agent des forces de sécurité n’est en fait fort que dans la discrétion ! Faut-il dès lors revoir ou totalement remettre en cause cette disposition autorisant une arme individuelle pour chaque policier ? On ne peut pas et ne doit pas les désarmer tous, mais réduire cela au strict minimum…
Les éléments chargés de sécurité rapprochée peuvent par exemple garder leurs armes…. Les autres doivent les rendre dès qu’ils ne sont plus en service. Nous pensons que cela peut contribuer à éviter de fâcheux incidents comme ce fut le cas à Kayes. Et c’est en cela peut-être que la police malienne aura son salut !
MAIMOUNA DOUMBIA
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