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VI EME LEGISLATURE DU MALI: POUR CONDUIRE LES REFORMES INSTITUTIONNELLES

• UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE SIERAIT MIEUX

Conformément aux recommandations du ‘’Dialogue National Inclusif’’ (DNI), la chambre des députés à l’Assemblée Nationale sera très bientôt renouvelée pour donner cours à la VIème législature du Mali démocratique et multipartite. On sait que traditionnellement, à l’issue des élections législatives qui aboutissent à un renouvellement de la chambre des députés, le Président de la République procède à un remaniement ministériel.Bien que cette mesure ne relève que du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’État, la logique voudrait qu’elle s’applique en la circonstance, surtout que le Mali se trouve en ce moment à un tournant décisif de son histoire qui nécessite absolument des réformes institutionnelles.

Évidemment que pour légiférer sur lesdites réformes institutionnelles, ce sont les nouveaux législateurs qui sont attendus à la tâche alors que la mise en chantier desdites réformes est plutôt du ressort d’un pouvoir exécutif dont la composition devrait logiquement se faire à l’image de la coloration de la chambre des députés ; autrement dit, un gouvernement qui fédérerait le plus large consensus qui puisse être.

On se souvient que pour résoudre la crise politique qui avait ébranlé le pays en mars-avril 2019, un gouvernement de ‘’large ouverture’’ avait été mis en place et certains courants de l’opposition politique avaient accepté de s’y joindre. S’il est vrai que ce gouvernement de ‘’large ouverture’’ a réussi certaines prouesses, telles que l’accalmie (apparente) du front social, la tenue du Dialogue National Inclusif, la tenue des élections législatives, il n’en demeure pas moins vrai que certaines réformes institutionnelles, au nombre desquelles on retiendra la révision constitutionnelle et le nouveau découpage territorial, demeurent jusque-là des défis ‘’insurmontables’’, en tout cas, pour l’actuel pouvoir exécutif en place.

Et pourtant à bien y disserter, on concéderait volontiers, pour réussir à relever les défis en question, qu’il faut absolument recourir à un gouvernement de très large consensus, autrement dit un gouvernement d’union nationale, dont les membres seront des hommes et de femmes choisis suivant leur intégrité morale et aussi leur patriotisme.

Dans ce gouvernement d’Union nationale, ne devraient figurer que des ministres appartenant aux partis politiques ayant des députés à l’Assemblée Nationale. À ceux-ci pourraient s’ajouter quelques technocrates de la société civile connus pour leur intégrité. Outre son effectif qui doit être le plus restreint que possible afin de réduire les charges financières de l’État, ce pouvoir exécutif doit être un gouvernement de missions. Les grandes missions qui seront confiées à cette équipe gouvernementale devraient être, entre autres :

  • La révision de la Constitution du 25 février 1992 pour faire droit aux recommandations du Dialogue National Inclusif ;
  • La relecture de certaines dispositions de l’Accord d’Alger conformément à l’article 65 dudit Accord ;
  • La mise en œuvre d’une bonne politique d’apaisement du front social.

C’est le lieu de faire remarquer que ce gouvernement d’Union Nationale ne pourrait avoir que trois ans pour mener à bien sa mission dont l’apothéose devrait être l’organisation et la tenue de l’élection présidentielle de 2023. Si depuis l’avènement de la démocratie multipartite au Mali, la révision de la constitution a toujours occasionné des levées de boucliers, il faut tout de même reconnaitre que de nos jours, elle s’avère absolument nécessaire eu égard aux diverses mutations socio-politiques qui se sont imposées de 1992 à nos jours.

D’ailleurs, ce n’est pas tant la révision en elle-même qui pose problème, mais plutôt les procédures envisagées par le pouvoir d’État pour cette révision qui ont toujours fait l’objet de controverses. En effet, à l’entendement des tenants du pouvoir d’État, les modifications à apporter à la constitution seront définies par un cadre de concertation national, au cours duquel les débats devront être exclusivement axés sur les réformes administratives et institutionnelles initiées par le Président de la République et mises en chantier par le gouvernement.

Par contre, du côté de l’opposition politique, on a une toute autre vision du dialogue à entreprendre et à l’issue duquel sortiront les modifications à apporter à la Loi Fondamentale. Dans la conception de l’opposition on en avait appelé plutôt, soit à un ‘’dialogue national’’ ou alors un ‘’dialogue refondateur’’, les deux formes ayant la même finalité.

En effet, dans la vision du courant de l’opposition politique, le dialogue en question devait non seulement et nécessairement aboutir à une révision constitutionnelle, mais aussi il devait être l’occasion de débattre de tous les problèmes qui assaillent le Mali en ce moment. En quelque sorte, le dialogue national qu’avait envisagé l’opposition, s’apparentait plutôt à la ‘’Conférence Nationale de 1991’’ d’où est sortie la Constitution du 25 février 1992. La vraie vision de l’opposition était qu’on puisse procéder à une révision constitutionnelle qui réduirait de façon drastique les pouvoirs du Président de la République. A y voir plus loin, il apparait clairement que les deux pôles politiques n’étaient pas du tout au même diapason en ce qui pourrait concerner la forme et le contenu du dialogue prôné par chacun des deux bords.

Heureusement, avec le temps, au prix de concessions de part et d’autre, les choses se sont arrangées et le Dialogue National Inclusif a pu se tenir et les recommandations qui en sont issues servent de repère à l’action gouvernementale. Donc la tâche pourrait être facilitée pour le gouvernement d’union nationale qui succédera à celle de large ouverture.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-04-16T18:10:13+02:00avril 15th, 2020|ACTUALITE, POLITIQUE|0 Comments

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