Du temps où il tenait les rênes du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga était devenu l’homme politique qui jouissait de la plus grande popularité au Mali. Il devait cette popularité surtout au fait qu’il avait réussi, en sa qualité de Premier ministre non seulement à relever le défi de la tenue de l’élection présidentielle de juillet-août 2018 sur toute l’étendue du territoire national, mais aussi et surtout par le fait qu’il avait aussi réussi, contre vents et marées, à faire réélire le Président IBK pour un second mandat. C’est tout naturellement en réussissant ces deux prouesses que d’un côté il était devenu l’homme à abattre pour le courant de l’opposition politique qui ne s’accommodait pas de la réélection d’IBK, mais de l’autre côté, celui de la très grande majorité des Maliens, Soumeylou était plutôt perçu comme le héros national sur lequel il fallait compter pour sortir le pays de l’ornière.
Au sortir de l’élection présidentielle de 2018, la famille politique de l’ex-Premier ministre, à savoir l’ASMA-CFP, était pratiquement devenue un pôle d’attraction pour les animateurs de notre arène politique. Si bien qu’il ne se passait pas de semaine sans que des élus de tous bords démissionnent de leurs partis d’appartenance pour rejoindre les rangs de l’ASMA-CFP qui ne pouvait d’ailleurs que s’en réjouir dans la mesure où cela lui permettait de ratisser large. Profitant de ces ralliements massifs, l’ASMA-CFP s’était finalement affichée comme la troisième force politique au sein de l’hémicycle avec près d’une vingtaine de députés, alors qu’au sortir des élections législatives de 2013, ce parti occupait la 8èmeplace en ex aequo avec le PARENA et le MPR, avec trois (3) députés chacun à l’Assemblée Nationale.
C’est donc dire, si au cours de la Vème législature les mutations au sein de l’arène politique malienne ont été très préjudiciables pour certaines formations, c’était bien le contraire pour le parti de l’ex-Chef de l’Exécutif.
Mais depuis que Soumeylou a été contraint à la démission, sa famille politique l’ASMA-CFP semble être en pleine disgrâce et cela s’est reflété sur ses réalisations à l’issue des dernières législatives. En effet, le parti de Soumeylou qui se targuait d’avoir à son actif plus d’une vingtaine de députés lors de la précédente législature, ne revendique que quatre (4) élus sous ses couleurs pour la VIème législature qui est à son entame. La sanction du peuple est-elle passée par-là ? Ou alors nos hommes politiques, mus par leurs seuls intérêts égoïstes et ne voyant plus de profits à tirer de Soumeylou, se sont tout simplement livrés à leur jeu favori, la transhumance politique ?
Quoi qu’il en soit, depuis la démission de son Président-Fondateur, l’ASMA-CFP est en perte de vitesse et le plus aberrant est qu’il lui sera très difficile d’avoir, de nouveau, voix au chapitre dans le microcosme politique malien.
On sait qu’il y a belle lurette que le président de l’ASMA-CFP n’est pas en odeur de sainteté auprès des plus hauts dirigeants du parti majoritaire, à savoir le RPM. Or c’est cette formation qui dicte ses desiderata au microcosme politique malien et il serait alors très surprenant que l’ASMA-CFP puisse entrer dans ses grâces, compte tenu de tout ce qui les a opposés dans un passé pas si lointain. L’arène politique malienne est telle une jungle où seule triomphe la loi du plus fort. Si dans un passé récent l’ASMA-CFP comptait parmi les plus forts du fait de la position de force de son président-fondateur, il faut dire que depuis la démission forcée de ce dernier de ses fonctions de Premier ministre, la direction du vent a littéralement changé, laissant cette formation politique au creux de la vague.
El Hadj Mamadou GABA
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