Il n’est un secret pour personne qu’au cours de la période dont il a tenu les rênes du pouvoir exécutif au Mali, l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA s’est évertué à inculquer une ascension fulgurante à sa famille politique l’‘’Alliance pour la Solidarité au Mali- Convergence des Forces Patriotiques’’ (ASMA-CFP) qui, finalement s’était affichée comme le parti politique ayant plus le vent en poupe. En conséquence, bon nombre de nos hommes politiques s’étaient convaincus que c’en était le parti ayant le plus d’avenir. Cela n’étonne guère dans la mesure où il est de notoriété publique chez nous, on adhère à la politique plus par propension à la quête des délices du pouvoir d’Etat, plutôt que par une quelconque conviction politique, idéologique ou philosophique.
Tous les dirigeants politiques maliens sont unanimes à se convaincre que l’objectif fondamental de tout parti politique est la conquête et l’exercice du pouvoir d’État. C’est cette conception, au demeurant quelque peu galvaudée de la raison d’existence des partis politiques, qui fonde nos hommes politiques à toujours vouloir adhérer à des formations qui ont leur mot à dire dans l’arène politique. On sait que chez nous, aucun garde-fou n’est légalement envisagé pour fixer des bornes ou des conditions à la transhumance politique. Si bien que chacun est libre d’agir comme bon lui semble, à la recherche d’une famille politique qui a voix au chapitre et par le truchement duquel on espère toujours accéder à quelques délices du pouvoir d’État.
C’est donc de bonne guerre, depuis sa nomination comme Premier ministre, que Soumeylou Boubèye MAIGA ait été de tous les fronts pour booster sa famille politique et les choses lui ont très bien réussi à cet effet
On sait qu’au sortir des élections législatives de 2013, l’ASMA-CFP occupait la 8ème place en ex aequo avec le PARENA et le MPR, avec trois (3) députés chacun à l’Assemblée Nationale. Mais au cours de cette même législature, si les mutations au sein de l’hémicycle ont été très préjudiciables pour certaines formations politiques, c’est bien le contraire pour le parti de l’ex-Chef de l’Exécutif.
Ainsi, de trois députés au sortir des législatives de 2013, par le truchement des ralliements tous azimuts, l’ASMA de Soumeylou s’est retrouvée avec plus d’une vingtaine de députés à l’Assemblée Nationale. Toute chose qui a permis à ladite formation de se positionner comme la 3ème force à l’Assemblée Nationale. Et c’est dans cette configuration de l’hémicycle que sont intervenues les élections législatives de 2020 en vue de la VIème législature au Mali.
Au regard des résultats officiels et définitifs du 1er tour desdites législatives, proclamés par la Cour Constitutionnelle, on serait en droit de se demander si l’ASMA-CFP de Soumeylou n’a pas tout simplement essuyé le revers de la médaille. On sait que dans notre arène politique, ce sont surtout le parti présidentiel (RPM) et son principal allié au sein de la majorité présidentielle, à savoir l’ADEMA-PASJ, qui ont les plus pâti de l’ascension fulgurante de l’ASMA-CFP, pour raison d’un débauchage à outrance de leurs élus au profit du parti de l’ex-Pm. Ces deux formations politiques auraient-elles décidé de rendre la monnaie à l’ASMA à l’occasion des législatives en cours et dont le second tour est annoncé pour le 19 avril 2020 ?
En tout cas, dans la plupart des circonscriptions électorales du pays, ces deux ténors de la majorité présidentielle se sont abstenus d’aller en alliance avec l’ASMA-CFP et cela a semblé porter, en toute évidence, des impacts négatifs sur les résultats obtenus par la famille politique de l’ex-Premier ministre. En effet les résultats officiels du premier tour ne sont pas du tout reluisants pour cette formation politique qui, pourtant, a réussi sans grande peine à se tailler la 3ème place au sein de l’Assemblée Nationale au cours de la législature qui s’achève. Au premier tour de scrutin, nulle part sur le territoire national, aucun candidat de l’ASMA-CFP n’a réussi à se faire élire.
Dans les dix-sept (17) circonscriptions électorales où les alliances auxquelles appartient l’ASMA sont qualifiées pour le second tour, lesdites alliances arrivent en deuxième position dans douze (12) circonscriptions, autrement dit en ballotage défavorable.
Encore dans les cinq (5) circonscriptions où les alliances d’appartenance de l’ASMA sont en ballotage favorable, les têtes de listes sont des candidats d’autres partis politiques, à l’exception de Macina où elle va en liste propre et de Tominian où elle est en alliance avec l’UDD et le MPM. C’est fort de ces résultats, au demeurant décevants pour la 3ème force politique du pays, que nombreux sont les observateurs qui se convainquent que c’est avec beaucoup de difficultés que l’ASMA-CFP, qui pourtant revendiquait plus d’une vingtaine de députés sous la Vème législature, pourrait obtenir plus de cinq (5) sièges à l’Assemblée Nationale pour la prochaine législature.
El Hadj Mamadou GABA
Leave A Comment