Au regard des résultats provisoires donnés par le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MATD), à l’issue du premier tour de l’élection des députés à l’Assemblée Nationale, on retiendra surtout que ce scrutin a été beaucoup plus discuté que par le passé et cela dénote une certaine prise de conscience de la part de l’électorat. En effet à l’accoutumée, pour des élections législatives sous nos cieux, le premier tour de scrutin a toujours suffi pour départager les candidats et seulement quelques circonscriptions électorales accueillaient un second tour.
C’est dire que d’habitude, il suffisait du premier tour de scrutin pour se faire une idée de la coloration que prendra l’Assemblée Nationale, sans qu’on ait besoin d’attendre les résultats du second tour. Mais à bien y disserter, au regard des résultats provisoires, on serait porté à se faire à l’idée que l’élection législative, dont le premier tour s’est déroulé le dimanche 29 mars 2020, n’a pas obéi à cette règle qui voudrait que la coloration de la future l’Assemblée Nationale se définisse dès le premier tour. En effet, pour un hémicycle où sont attendus 147 députés, seuls 17 d’entre eux ont pu tirer leur épingle du jeu en réussissant à se faire élire dès le premier tour.
C’est dire qu’ils seront 130, les futurs députés qui seront contraints d’aller au second tour pour espérer se faire élire. Parmi les 17 élus au premier tour, le parti présidentiel ‘’Rassemblement Pour le Mali’’ (RPM) revendique huit (8) sièges.
Bien que les résultats donnés par le MATD ne soient que provisoires, il faut tout de même dire qu’ils ne seront pas d’un trop grand écart avec ceux définitifs que prononcera la Cour Constitutionnelle. Ainsi on peut se faire à l’idée qu’avec seulement 8 sièges à l’issue du premier tour, le parti majoritaire au Mali, le RPM, a tout simplement essuyé un revers si l’on se fait une idée des performances qu’il avait réalisées à l’issue des élections législatives de 2013 où il avait acquis la majorité parlementaire dès le premier tour. En tout cas, il ne se fait pas de doute qu’avec seulement 8 sièges remportés à l’issue du premier tour des législatives de 2020, le RPM est plutôt à l’épreuve de la sanction populaire auprès des Maliens.
En effet, sur les 8 sièges remportés au premier tour par le RPM, six (6) l’ont été dans des circonscriptions électorales des régions du nord. Ont été élus dès le premier tour : dans la circonscription électorale de Bourem, la liste alliance RPM-UM RDA Faso Jigi comprenant Mohamed Ould Mataly et Mme HAÏDARA Aïchata Alassane CISSÉ dite Chato ; dans la circonscription électorale de Ménaka, la liste RPM défendue par Bajan AG Hamatou ; dans la circonscription électorale de Kidal, la liste RPM pilotée par Choghib AG Attaher ; dans la circonscription électorale d’Abeïbara, la liste RPM défendue par AG Bibi Ahmada ; dans la circonscription électorale de Tessalit, la liste RPM dirigée par Aïcha Belco MAÏGA ; dans la circonscription électorale de Tin-Essako, la liste RPM dominée par Mohamed AG Intalla.
Si presque nulle part, à l’intérieur du pays, le parti présidentiel et non moins détenteur de la majorité parlementaire ‘’sortante’’ n’est parvenu à s’imposer au premier tour, il faut dire aussi que dans les six communes du district de Bamako, non plus, la situation n’est pas plus reluisante dans la mesure où aucune liste conduite par le RPM n’a pu se faire élire dès le premier tour. Devrait-on y voir un désaveu des électeurs maliens à l’endroit du parti présidentiel ? Bien sûr qu’il n’est pas exclu, à l’issue du second tour de ces législatives, que le RPM puisse toujours garder son statut de majorité parlementaire. Mais ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute aussi, est que, même s’il parvenait à conserver son statut de majorité parlementaire, ce serait avec une légitimité moindre que celle de la précédente législature.
El Hadj Mamadou GABA
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