Le lundi 18 mai 2020, la nouvelle Assemblée Nationale issue des dernières élections législatives a adopté son règlement intérieur pour la VIème législature au Mali. Signalons qu’en prélude de cet exercice parlementaire, l’Institution en question avait mis en place une commission ad’ hoc pour la relecture du règlement intérieur qui avait été adopté le 13 octobre 2016 et qui régissait le fonctionnement de l’institution. Au bout d’une semaine, la commission a présenté son rapport à l’Assemblée nationale au cours d’une séance plénière délocalisée au Centre international de conférence de Bamako et cela, afin de mieux respecter les mesures barrières contre la Covid-19. Des modifications majeures ont été portées à l’ancien règlement intérieur notamment en ses articles21, 25, 37, 44, 91 et 93.
Il faut dire qu’au nombre des modifications, celle qui a surtout focaliser les attentions dans l’opinion nationale est l’article 49 (Nouveau) qui expose à la censure avec exclusion temporaire tout député qui commettrait des fautes graves ou qui violerait des secrets. S’il est vrai que le nouveau règlement intérieur a été adopté à la majorité de 132 voix ‘’Pour’’ zéro ‘’Contre’’ et trois (3) ‘’Abstentions’’, il n’en demeure pas moins vrai cependant que nombreux sont les députés, au nombre desquels Moussa Mara, député élu en commune IV du district de Bamako, qui restent appréhensifs par rapport à cet article 49 (Nouveau) dans la mesure où ils y voient plutôt un article ‘’piège’’. Cette appréhension est d’autant légitime dans la mesure où le nouveau règlement intérieur, non seulement ne définit pas la nature des fautes qui sont susceptibles d’être qualifiées de ‘’graves’’ mais aussi ne précise pas les faits et actes qui pourraient être perçus comme secret à ne pas violer.
Au-delà de cette appréhension éprouvée par des élus, le citoyen ‘’lambda’’, lui, éprouve plutôt une frustration car il ne s’accommode pas du tout du fait que des représentants du peuple, les élus, puissent avoir des choses à cacher à leurs mandants au point de décider de frapper d’exclusion, temporaire fut-elle, les députés qui se rendraient coupables de violation de secret.
Les députés ne doivent pas oublier qu’ils ont été élus par leurs populations respectives et envoyés à l’Assemblée Nationale pour les représenter auprès de l’Etat. A cet effet, ils deviennent tout simplement des émissaires de leurs mandants et dans l’accomplissement de leurs missions, il serait alors absurde qu’il y ait des choses (des secrets) qu’ils veuillent cacher.
En tout cas si les émissaires du peuple se mettent en posture de cacher des secrets à ceux qui les ont mis en mission, cela s’appelle tout simplement ‘’Trahison du peuple’’.
D’ailleurs c’est un secret de polichinelle que dire il n’y a pratiquement pas de confiance entre les populations et leurs députés dans la mesure où ces derniers ne se gênent nullement de tourner le dos à ceux qui les ont élus dès lors qu’ils accèdent à l’Assemblée Nationale. C’est là la réalité des relations entre la plupart de nos députés et leurs mandants. Les premiers ne connaissant absolument rien des difficultés que vivent les seconds, dans leur vie de tous les jours, et en conséquence ces derniers ne peuvent nullement s’accommoder de faire confiance en leurs mandataires. Autant dire que nos ‘’honorables’’ députés doivent plutôt faire en sorte de redorer leurs blasons ternis, en communiquant plus avec leurs mandants, plutôt que de vouloir leur cacher quoi que ce soit, perçu comme des secrets.
El Hadj Mamadou GABA
Leave A Comment