« La Cour constitutionnelle du Mali reste une grosse tache noire sur le fronton de la démocratie malienne »
Notre pays regorge de cadres compétents, intègres, patriotes qui n’accepteront jamais qu’on piétine les valeurs morales de la nation. Le Professeur Brehima FOMBA en est la parfaite illustration. Sa riposte magistrale et historique à la Cour Constitutionnelle est à enseigner dans nos facultés de Droit. Nous vous proposons la réplique de l’universitaire au président de la Cour Constitutionnelle Manassa Danioko dans ses œuvres de déni de la constitution et de la loi organique sur la cour! Lisez cette réaction de belle facture d’un professeur de Droit Public.
“Elle a la prétention de s’ériger en gendarme de la Constitution à travers une auto attribution de facto de compétences sans fondement autre que son obsession à soumettre cette même Constitution aux dérives autoritaristes et antidémocratiques d’un régime honni par le peuple qui a rompu avec les valeurs fondamentales de la République. Absolument rien dans les textes qui l’organisent et la dotent de compétences – Constitution et loi organique- n’autorisent le Président Manassa et sa cour à s’agiter, comme des marionnettes téléguidées, à la solde du pouvoir politique. Toutes leurs sorties intempestives et inappropriées sont littéralement dédiées à défendre IBK et son clan. Lorsque l’institution fraîchement accusée de ” blanchiment de fraude électorale” se déguise en donneuse de leçon de morale républicaine doublée d’incitatrice à la répression policière, c’est un peu comme l’hôpital qui se moque de la charité.
Au contraire, c’est au préalable la Cour constitutionnelle elle-même qui s’est spécialisée dans le déni de la Constitution et des lois de la République ; c’est elle qui mériterait une belle correction pour la sortir de son errance extra constitutionnelle.
Ce communiqué du 1er juin 2020 ! Du n’importe quoi absolu comme d’habitude ! En soi, il s’assimile à un acte de mépris royal de la Constitution, mépris affiché par Manassa qui revendique là, sans le moindre fondement juridique, un pouvoir de gendarme auto proclamé de facto. Le Président prétend ainsi agir pour ” l’intérêt du peuple malien”. Or le peuple la perçoit, sur ses grands chevaux, déterminée à jamais à défendre plutôt les intérêts de son bienfaiteur IBK et de son clan. Mais le pire, ne l’oublions pas, c’est qu’elle a toujours revendiqué et assumé cette dérive institutionnelle anticonstitutionnelle, dans l’impunité la plus absolue. Elle se rit éperdument des textes relatifs à la Cour constitutionnelle ainsi que des pratiques en la matière chez les juridictions constitutionnelles similaires. Mais au fait, ce Communiqué mérite-t-il vraiment qu’on s’y attarde, étant donné les vrais défis de l’heure, beaucoup plus sérieux que des agitations stériles? Prenons-le pour le baroud d’honneur d’une institution discréditée, peu digne de la République, de l’Etat de droit et de la démocratie. La Cour constitutionnelle du Mali reste une grosse tache noire sur le fronton de la démocratie malienne. Il faudra à l’expérience démocratique malienne, beaucoup d’eau de javelle pour se débarrasser de cette impureté.”
Dr Brahima FOMBA
LAYA DIARRA
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